Pacy sera à l'heure...

L'alarme stridente du réveil me sort de mes rêves en me perçant les tympans. Cherchant à atténuer le bruit je cache ma tête sous l'oreiller tout en tendant le bras droit pour éteindre le réveil. Après quelques tâtonnements ponctués de grognements mécontents, je trouve enfin le réveil. Le silence retombe dans la chambre, je repousse l'oreiller, m'étire avant d'ouvrir un œil. Il me faut quelques secondes pour me remettre les idées en place. Le soleil passe à travers les lames des volets, la chambre est vide mis à part le lit et quelques cartons de déménagement, dont un me sert actuellement de table de nuit. Je baille à me décrocher la mâchoire, je m'étire à nouveau manquant de me faire une crampe au mollet.

Je sors du lit, attrape un caleçon tout en me dirigeant vers la salle de bain. Le sol est froid au contact de mes pieds nus, nouveau grognement de mécontentement. Je tente d'allumer la lumière dans la salle de bain en manipulant plusieurs fois l'interrupteur. Je fixe le plafond l'œil hagard, il n'y a pas d'ampoule. Demi tour, je prend la direction de la cuisine ; un bon café me fera du bien. En passant devant le miroir de l'entrée j'aperçois mon reflet, encore un grognement. Mais quelle idée on les gens de laisser un miroir au mur et de ne pas laisser d'ampoule dans les pièces sans fenêtre. L'image que me renvoie le miroir me fais secouer de dépit la tête de droite à gauche. Les cheveux ras, une barbe de trois jours parsemée de gris, des cernes sous des yeux marrons, ce type a vraiment une sale gueule... Ce type c'est moi...

Les pieds presque congelés je m'appuie contre l'évier de la cuisine, cherchant du regard une cafetière invisible qui doit encore être au fond d'un carton. Je souffle longuement, ça change des grognements. Je me passe un rapide coup d'eau sur le visage. L'eau froide me fait du bien même si un café aurait eu le même effet. Je retourne dans la chambre, un coup d'œil à ma montre, 9h12 j'ai encore un peu de temps avant de rejoindre le stade pour ma première journée comme entraîneur du Pacy Vallée d'Eure Football. J'enfile un costume sombre, une chemise blanche et une cravate sobre, un vrai croque-mort. 9H49, j'attrape mes clés de voiture avant de claquer la porte derrière moi...

Ma vie bien rangée a basculé il y a quelques mois... La quarantaine se faisant pressante, j'ai enfin pris conscience que ma vie d'alors était loin de ce que j'avais rêvé étant gamin. Cette vie de comptable sans saveur je n'en voulais plus et je souhaitais réalisé mon rêve ; devenir entraîneur pro d'une équipe de football...

Tout s'est joué hier... Au cours d'une ultime rencontre avec le président Villette pour finaliser un contrat de deux ans et la lourde mission de succéder au héros local, Laurent Hatton. Le plus dur est à faire maintenant... Il va me falloir tout mettre en œuvre pour maintenir le club en National...

J'ai vécu les premières journées au club comme un rêve avec comme point d'orgue le premier match de préparation face à la réserve de l'AS Saint-Etienne. Imaginez, pouvoir diriger un entraînement, mettre en place une tactique, discuter jusqu'à point d'heure avec le staff sur la meilleure position de tel ou tel joueur... Bref que du bonheur pour moi...

Après avoir rencontrer le staff et l'ensemble des joueurs, nous avons débuter la préparation qui va nous emmener vers le coup d'envoi du championnat de National début août. Ma priorité était de renforcer un staff technique beaucoup trop faible à mon goût en quantité. Du coup sont arrivés un adjoint, Christophe Matt, un préparateur, l'ancien sedanais Cédric Mionnet, un recruteur, William Loko et un entraîneur pour les gardiens, Régis Roch. La venue de Cédric Mionnet a été la surprise pour tout le monde, ce qui a attiré sur nous les lumières de la presse.

Ce premier match aux commandes je l'ai rêvé, avoir les joueurs autour de moi dans les vestiaires, leur parler, leur insuffler mon bonheur d'être là, tout ça je l'ai rêvé et maintenant j'y suis. J'avoue avoir eu des frissons lors du coup d'envoi de la rencontre face à la Réserve stéphanoise. Surtout que nous sommes rentré à la perfection dans le match, Gomis ouvrant la marque dés la 8' minutes en allant défier Viviani en un contre un. Heureusement que mon adjoint était à mes côtés car j'ai souvent été plus spectateur qu'acteur aujourd'hui. Nous tiendrons la baraque jusqu'au coup de sifflet final et une belle victoire honorifique de 2-1.

Ces premiers jours ne sont que du bonheur pour moi, je touche enfin du doigt le métier que j'ai toujours voulu faire. Mais il faut maintenant que je m'attaque à ma seconde priorité, renforcer l'équipe pour réussir le pari du maintien. Pour l'instant je garde toute ma confiance envers les joueurs choisis par mon prédécesseur en attendant de me faire une opinion. Mais déjà certains sortent du lot comme Robert, Yehoumé, Sylva ou Gomis.

La semaine avait mal débuté lorsque le président Villette m'avait convoqué pour m'annoncer qu'aucun club n'avait trouvé grâce à ses yeux pour mettre en place un partenariat. Heureusement le déplacement à Colmar pour notre second match de préparation me redonnait du baume au coeur.

J'ai choisi de partir pour Colmar deux jours avant la rencontre, histoire de nous mettre au « vert » et surtout de se côtoyer d'avantage. J'ai découvert durant ce déplacement que certain joueur et même membre du staff étaient de joyeux lurons. Mon réveil, la veille du match, en fanfare avec gamelles et autres ustensiles de cuisine reste l'un de mes meilleurs souvenirs, si ce n'est la tête de notre hôtelier. Il m'aura fallu un peu de temps pour découvrir les coupables, un duo composé de Sylva et de Loko...

Il ne nous aura pas fallu longtemps pour prendre l'ascendant sur nos adversaires du jour, Gomis mettant la pression sur la défense pousse à la faute un défenseur adverse. Ensuite Montanier place une frappe de 30 mètres peu de temps après son entrée en jeu. La réduction du score adverse ne reste qu'anecdotique même si c'est la seconde fois que nous encaissons un but en fin de rencontre. J'ai pris note de tout dans mon carnet, qui ne me quitte jamais, et nous en discuterons plus tard avec le staff.

C'est un plaisir de venir au club le matin, l'ambiance est extraordinaire et pour me venger d'un de mes deux réveil matin bruyants, j'ai choisi de donner à Sylva, sans qu'il s'en rende compte sur le coup, une tenue de deux tailles plus petite pour une séance d'entraînement. Il a beaucoup fait rire le groupe avec son short et son maillot « moulant ». Il me reste encore à me venger de Loko...

Même si la presse nous annonce comme futur reléguable en championnat je ne me prends pas la tête. Il sera toujours temps plus tard... Surtout que la venue des réservistes du Mans annonce encore une belle rencontre.

Incroyable... C'est le seul mot qui me vient à l'esprit pour définir la prestation de Gomis qui égalise dans la minute de l'ouverture du score de Maïga avant de permettre à Bezzou de nous donner l'avantage. Dés notre égalisation, les manceaux ont pris l'eau de toute part nous permettant d'engranger une victoire pleine de confiance.

Durant toutes ces journées, j'ai pas mal bossé sur le recrutement de renfort, surtout en attaque. Mais la faible réputation du club et de son entraîneur ne permet pas d'attirer beaucoup de monde si ce n'est des joueurs amateurs. Ce que je ne recherche pas pour le moment.

Aujourd'hui le réveil n'a pas eu le temps de sonné, j'étais déjà debout, presque prêt à partir au club... J'ai beau essayé de me calmer, il n'y a pas moyen, une vraie donzelle avant son premier rende-vous amoureux...

Les joueurs et le staff l'ont bien senti à mon arrivée dans les vestiaires, je n'ai pas manqué de me faire chambrer copieusement, surtout que LE match n'avait lieu que le soir. J'ai eu beau regardé ma montre toute les trois minutes, la journée me semblait incroyablement longue. Enfin à 20h00 pétante, je pouvais enfin m'asseoir sur le banc après avoir donné mes dernières consignes au onze de départ qui allait affronter le Stade Malherbe de Caen.

A peine assis j'aperçois le quatrième arbitre qui me fait signe de m'approcher. Je le rejoins tout en fermant ma veste. Il me salue et je me retrouve face à face avec Franck Dumas, à moitié pétrifié je n'entends pas la moitié des recommandations d'usage. Je sors de mon rêve quant Franck Dumas me pose la main gauche sur l'épaule tout en me serrant la main, le tout accompagné d'un « Bon match Coach... ». Je bredouille une réponse que personne ne comprendra de toute façon...

La rencontre démarre et très rapidement nous sommes mené au score. La différence de niveau est telle que nous avons beaucoup de mal à tenir la distance. Ce n'est pas l'égalisation de Bezzou de 35 mètres qui change quelque chose. Dés qu'ils accélèrent nos adversaires deviennent intouchables, le score est assez largement en leur faveur au coup de sifflet final.

A la sortie des joueurs je suis côte à côte avec Franck Dumas, nous félicitons indifféremment les joueurs de chaque équipe. J'en profite pour observer l'homme, je me souviens de lui portant les couleurs de Monaco et à part quelques kilos de trop il a de la gueule. Le dernier joueur rentré au vestiaire je quitte le bord du terrain après avoir saluer une dernière fois mon homologue. Après quelques pas il me rattrape, « Il est bon ton jeune milieu... Bezzou, c'est ça ? ». « C'est vrai Monsieur Dumas, il est bon... », ma réponse est bête, tout le monde a pu voir qu'il a une frappe de mule. « Il faudra que l'on se voit un de ces quatre, j'aimerais que l'on parle de lui ensemble... ». « Quand vous voulez Monsieur Dumas... ». Franck Dumas tourne les talons avant de me jeter par dessus son épaule, « Tu peux m'appeler Franck... On est de la même boutique... Ciao... ». Et me voilà grande saucisse en costume plantée à l'entrée du tunnel regardant un homme s'éloigner. Heureusement que les garçons ne m'ont pas vu, sinon je vais encore ramasser...

Ces trois derniers jours ont été intenses, la fin de la période des transferts approchant, le club doit mettre les bouchées doubles pour trouver les quelques renforts que je souhaite. J'avais fixé comme éléments à prendre en compte par William Loko lors de ses recherches, l'expérience des joueurs. Je ne souhaitais pas de jeune chien fou mais plutôt des garçons approchant la trentaine et ayant de l'expérience en National au pire.

J'avoue que William a fait un travail du tonnerre, quatre joueurs nous rejoignent pour deux ou trois saisons. Et côté expérience je suis gâté, c'est simple entre les trois plus âgés nous sommes à plus de 850 matchs joués dont une grosse partie en Ligue 2 et même Ligue 1... Pour accueillir Sylvain Poinçon, Youssef Moustaïd et Yann Lachuer je me mets sur mon 31, ce n'est pas tous les jours que notre club pourra recruter de tels joueurs. Le quatrième est un jeune joueur de 21 ans, Jéoboam qui d'après William a toutes les capacités pour être un bon attaquant.

Je profite de ces arrivées pour clore mon effectif est en faire un point plus précis devant le président Villette et le staff au complet. Je passe en revue chaque joueur par poste.

Sébastien Robert (24 ans – 69 matchs) : Vient d'arriver au club de Quevilly, il sera le titulaire indiscutable cette saison.

Patrick Bisson (38 ans – 290 matchs) : Il n'aura connu qu'un seul club. C'est sans doute sa dernière saison en temps que joueur, une place au sein du staff lui est d'ors et déjà réservée.

Stjepan Cvitkovic (26 ans – 160 matchs) : C'est sa première saison au club, il arrive de Belgique (Waasland).

Romain Thomas (20 ans – 3 matchs) : Prêté par Brest. Avec son mètre 93 et ses 84 kilos son apport physique n'est pas négligeable.

Basile Yehoumé (21 ans – 0 match) : Prêté par Reims, il vient pour s'endurcir et prendre de l'expérience.

Dominique Sylva (31 ans – 274 matchs) : Entame sa onzième saison au club interrompue par trois saisons à Beauvais. Un des joyeux lurons du groupe...

Sylvain Poinçon (34 ans – 343 matchs) : Formé à Gueugnon dans les années 90, il possède toutes les qualités des « forgerons ». Au chômage il tente une dernière aventure de deux ans.

Grégory Rouchon (24 ans – 14 matchs) : Il arrive de Moissy-Cramayel avec la ferme intention d'avoir du temps de jeu. A lui de me prouver qu'il tient la route.

Rodolphe Guimard (32 ans – 0 match) : Eternel espoir qui n'a pour le moment jamais concrétiser les espoirs de ses débuts...

Eddie Vidon (26 ans – 97 matchs) : Formé à Sedan, il a connu l'aventure bisontine en Ligue 2 avant de se perdre en CFA. Il est ici pour se relancer.

Zakaria Gueye (22 ans – 34 matchs) : A débuté sa carrière il y a deux ans au club, ce fut l'un des acteurs principaux de la montée.

Marc Colplo (26 ans – 147 matchs) : Formé à Caen, il nous arrive de Beauvais pour être notre meneur de jeu cette saison.

Aboubacar Guindo (27 ans – 118 matchs) : Ailier percutant il entame sa seconde saison au club avec l'espoir d'être aussi efficace que la saison dernière.

Julien ictoi (30 ans – 149 matchs) : Garçon discret et travailleur il sera la doublure de Guindo.

Youssef Moustaïd (31 ans – 255 matchs) : Formé à Nancy, il arrive de Belgique (Tournai) pour apporter son expérience sur le flanc droit.

Yann Lachuer (35 ans – 389 matchs) : La star de notre équipe passée par Auxerre, Paris SG, Bastia, Troyes ou Châteauroux avant de rejoindre Orléans en amateur. Il portera le brassard de capitaine et occupera le centre du terrain au côté de Coplo.

Sofiane Bezzou (27 ans – 41 matchs) : Formé au Paris SG, il possède une grosse frappe de balle. Il sera la doublure du milieu de terrain.

Yoann Montanier (26 ans – 0 match) : Au club depuis six ans, il ne sera qu'une solution de rechange au milieu du terrain.

Jean-Dimmy Jéoboam (21 ans – 6 matchs) : Formé à Laval, c'est un jeune buteur ayant du potentiel. Bien entouré par Gomis et Hameau il doit pouvoir prendre sa chance sur quelques matchs.

Olivier Hameau (33 ans – 106 matchs) : Neuf saisons au club et quelques beaux faits d'armes. Equipier remarquable il sera la doublure de Gomis.

Arthur Gomis (31 ans – 161 matchs) : Il a toujours évolué en région parisienne et connait bien le National. Il aura la lourde tache de tenir le seul poste de buteur de l'équipe.

Ma présentation satisfait tout le monde, certains joueurs présents au club à mon arrivée rejoignent la Réserve ou sont laissés libres.

A la fin de la préparation une certaine tension s'installe, je peux la sentir aisément surtout que chaque jour, chaque heure nous rapproche du début du championnat. En partant deux jours avant notre match face à Rodez chez eux, je cherche à regrouper les joueurs autour de moi et des anciens, notamment Lachuer qui prend son statut de capitaine à coeur.

La découverte du National est violente pour moi, en 90 minutes de match je suis dans un état lamentable, trempé de sueur et tremblant comme une feuille. Dés le coup d'envoi, je ne parviens pas à rester assis et je commence un long marathon de va et vient dans ma zone. Les spectateurs doivent se demander qui est ce zébulon, gesticulant et sautant qui se trouve sur le bord du terrain. Le quatrième arbitre en arrive même à me demander de me calmer un peu...

La rencontre ne démarre pas sous les meilleures hospices pour nous, Robert tente une sortie lointaine et se fait contrer par Bélaud. Lachuer est le premier à avoir un geste amical pour notre gardien, immédiatement suivi de Poinçon. Les garçons partent à l'attaque en respectant mes consignes, surtout ne pas se jeter... Bezzou nous ramène à égalité d'une belle frappe des 20 mètres, il peut venir me sauter dans les bras suivi de ses coéquipiers. On aura beau poussé et tout tenté, le score ne bougera plus, prendre un point ici est largement correct. La mauvaise affaire de la journée est la sortie sur blessure de Guindo (douleur à une cuisse) et Sylva (rupture du tendon rotulien).

En attendant des nouvelles de nos deux blessés, je reste avec les joueurs au bar de l'hôtel. Certains entament une longue partie de cartes, d'autres préfèrent lire la presse ou un livre, d'autres encore regarde la télé ou tout simplement discutent entre eux. Je finis par les laisser entre eux pour rejoindre ma chambre.

Une fois la porte fermée derrière moi, je me laisse tomber sur le lit, la veste jetée sur le fauteuil, la cravate desserrée et la chemise ouverte. Je me repasse les yeux fermés le film de la soirée, nous ne pouvions pas faire plus que ce qui a été fait. Je m'octroie une longue douche chaude avant de me glisser dans les draps et de m'endormir instantanément...

En une semaine nous enchaînons deux rencontres faces à deux grosses équipes du championnat Paris et Sète. Si la première rencontre au stade Pacy-Ménilles se passe assez bien avec un 0-0 accroché face à des parisiens ambitieux, la seconde en déplacement se termine par une défaite 1-0.

Tout le monde est d'accord pour dire que ce point pris chez nous est un bon point, car les parisiens nous ont mené la vie dure en seconde période. Il nous faudra le calme des anciens pour tenir le résultat sans faiblir.

Face à Sète c'est une autre paire de manche, la fatigue aidant, nous fournissons une prestation assez moyenne avec un Gomis totalement inexistant. Heureusement notre défense tient bon devant les deux attaquants adverses Valéro et Diafutua. Nous nous retrouvons en queue de peloton avec deux petits points en compagnie d'autres promus.

J'ai du mal à digérer cette défaite, même si elle est logique face à plus fort que nous, j'espérais mieux de notre début de saison après nos excellents matchs de préparation. Pour l'instant, il n'y a pas péril en la demeure mais j'aimerais assez obtenir une victoire rapidement...

C'est avec un peu de dépit que je découvre le métier d'entraîneur en National. L'apprentissage est difficile, les joies rares et les embuches fréquentes mais je garde espoir pour la suite de la saison. Nous n'avons pas pu faire trois matchs de qualités en préparation et ne plus rien ensuite en championnat.

J'ai eu peu de temps pour préparer les joueurs à la venue de Libourne, leader invaincu du National avec une puissance de frappe énorme. Pourtant avec l'aide du staff et des anciens j'ai fait de mon mieux..

Je m'attendais à une rencontre difficile où nous n'aurions que peu l'occasion de toucher la balle, et au contraire nous ouvrons la marque les premiers par Lachuer. Rapidement repris au score par les pinguoins, Gomis s'y prendra par deux fois pour nous redonner l'avantage ; l'arbitre lui refusant un premier but pourtant largement valable. J'ai eu beau tempêté depuis le banc, l'arbitre ne changea pas sa décision. En seconde période, nos adversaires du jour tentent de nous déstabiliser en utilisant la force, Poinçon le paye cash et quitte le terrain. Je fais part de mon mécontentement au quatrième arbitre. Les arbitres étaient vraiment contre nous ce soir, l'arbitre du centre va même jusqu'à accordé un penalty sur une faute imaginaire de Rouchon qui me regarde complètement atterré. Là il faut l'arrivée de mon adjoint pour me calmer, je suis à la limite de la rupture, prêt à rentrer sur le terrain pour en découdre... La fin de rencontre n'est plus qu'une succession de fautes des deux côtés avec une distribution gratuite de cartons jaunes pour Coplo, Gomis et Bezzou.

Ayant retrouvé mon calme avec le coup de sifflet, je rejoins les vestiaires sans un mot pour les arbitres. Je les laisse aux sifflets des supporteurs. Il faudra la venue du président pour modérer ma déception, sans l'arbitrage nous aurions pu prendre le large et peut-être éviter le retour de Libourne. On est passé tout à côté d'un exploit ce soir...

En une semaine la déception a disparue et nous avons beaucoup travaillé sur le match de Libourne, il y a beaucoup d'enseignements à en tirer. Dans le même temps William nous a trouvé un buteur international burundais, Omar Mussa, qui devrait nous apporter une solution de plus devant. Pas encore qualifié en championnat, il suivra la rencontre face à Bayonne depuis le banc.



Bayonne ayant pris 5 buts face à Libourne et jouant à nouveau sur notre terrain, j'espère que nous allons remporter notre première victoire du championnat. Cela ferait du bien à tout le monde ici...



C'est encore une soirée maudite... Je rentre à l'hôtel avec un énorme coup de massue reçu sur la tête... Nous avons quatre fois plus d'occasion de buts et nous perdons la rencontre sur la seule action adverse de la seconde période. Je suis dépité, je me demande bien ce que je peux faire pour remédier à tout ça...

J'ai beau passé une bonne partie de la nuit à visionner nos cinq rencontres de championnat pour voir où le bats blesse, mais je ne trouve rien... Les joueurs sont biens en place et quadrillent parfaitement le terrain, Gomis a retrouvé le sens du but, mais malgré tout nous échouons à chaque fois...



Pour la sixième journée de National que nous allons jouer en avance, nous rejoignons Louhans qui se trouve juste derrière nous au classement. La presse régionale annonce cette rencontre comme celle « des lanternes... rouges... ». Je me sers de l'article du journal pour motiver les garçons, prendre des points devient presque vital, surtout face à un concurrent direct...



Dans les vestiaires les joueurs sont tendus, je laisse Lachuer et Poinçon prendre la parole. Je suis à la sortie du tunnel pour leur souhaiter un bon match. Les premières minutes sont hachées, l'enjeu semble bloquer les deux équipes. Heureusement Gomis ouvre la marque nous permettant de souffler un peu, pas trop longtemps non plus puisque Mélisse remet Louhans dans la course deux minutes plus tard. Je vois arrivé le spectre des défaites, je me torture déjà l'esprit pour comprendre cette habitude à prendre un but rapidement. Gomis récupère la balle à trente mètres des buts et balance un boulet de canon en pleine lucarne. Tout le stade applaudit devant le geste du buteur. Cette fois on tient le score avec acharnement, Poinçon allant même jusqu'à marquer en fin de rencontre sur une passe en retrait de Bezzou. L'arbitre nous délivre après deux minutes de temps additionnel, je reste assis quelques minutes à savourer le résultat, on la tient notre première victoire, on la tient...

Dans les vestiaires nous fêtons Gomis qui après six rencontres et déjà à quatre buts inscrits. Mussa qui est rentré en seconde période à sa place n'est pas le dernier à saluer le buteur. Le vestiaire résonne de rires et de chants, c'est beau un vestiaire qui chante...

Durant le trajet retour, je peux annoncer à Mussa qu'il est retenu pour affronter les Seychelles avec sa sélection début septembre. C'est aussi le premier sélectionné sous mon commandement même s'il n'a joué qu'une demie rencontre.

Il y a dans la vie d'un homme des moments noirs où rien en va... Cette semaine en est le plus flagrant exemple.

Nous recevons Sannois en match en retard, la rencontre s'annonce difficile avec en face de nous une équipe rapide, puissante et en pleine confiance. Je peux compter sur Mussa, revenu de sélection, et Gomis pour animer l'attaque, par contre la blessure de Robert me pose soucis. Je dois titulariser Bisson et faire appel à Dos Santos un réserviste pour assurer les arrières.



Celle là est vraiment injuste, on fait jeu égal avec eux sauf durant une petite minute qui leur permet d'inscrit le seul but du match. C'est dur mais c'est la loi du sport...



L'enchainement avec un déplacement à Cherbourg nous est fatal, en sept minutes ils nous passent trois buts sans que personne ne réagisse. J'ai eu beau hurler et gesticuler depuis le banc, pas un n'a tenté quoique ce soit... Je suis déçu de ce manque de combattivité, autant je peux comprendre que l'on perde une rencontre mais je ne peux pas le comprendre quand il n'y a pas de combat...

C'est la première fois depuis que je suis au club que j'éprouve le besoin d'élever la voix dans les vestiaires. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre aussi facilement... Je jette au visage des joueurs notre place de bon dernier... A eux de me prouver qu'ils ont ce qu'il faut dans le pantalon...

Nous devons désormais faire aussi avec la blessure de Gomis qui nous quitte pour un mois dans le meilleur des cas. Quand ça ne va pas, ça ne va pas...

J'ai demandé aux joueurs de hausser leur niveau de préparation durant les entraînements, j'espère que cela sera suffisant pour recevoir Calais autre concurrent direct. Côté ambiance, notre dernière défaite a laissé pas mal de traces ici, mais petit à petit nous retrouvons le plaisir de nous côtoyer.



Sans Gomis, blessé, mais avec Robert qui revient dans les cages, nous ouvrons la marque, Ictoi profite d'un excellent travail de Mussa juste avant la sortie sur blessure de l'attaquant. Ensuite nous serrons les rangs et tentons par tous les moyens de tenir le score. Les minutes s'égrainent et nous avons deux nouveaux blessés, Coplo (28') et Lachuer (88'). Ayant remplacé Yehoumé qui tirait la patte en défense, je me retrouve avec dix joueurs sur le terrain et des calaisiens accrocheurs, multipliant les fautes et les mauvais gestes. L'arbitre en arrive à sanctionner Pédemonte pour un tacle trop appuyé sur Hameau. Le fautif discute et bouscule l'arbitre, c'est le rouge en plus du penalty. Poinçon reste calme et double la mise, nous pouvons souffler, les trois points sont pour nous.

Cette seconde victoire du championnat a une saveur particulière, d'un côté je suis euphorique et de l'autre nos blessés risquent de nous mettre en danger rapidement. En attaque, je me retrouve avec un Hameau quasiment sur le départ et un jeune Jéoboam qui doit encore progresser...




La 10ème journée de championnat nous emmène dans le sud de la France, à Cassis, encore un concurrent direct. J'ai choisi Hameau pour animer notre attaque et Moustaïd pour remplacer Coplo. Lachuer et Yehoumé tiendront leurs places grâce au bon travail du staff médical.



Pour remercier nos supporteurs de leur soutien sans faille, nous avions choisi d'emmener 25 irréductibles avec nous et de leur faire vivre le déplacement de l'intérieur. La rencontre débute sur un faux rythme, les deux équipes attendant l'opportunité pour ouvrir la marque. Hameau profite d'un espace dans la défense adverse pour marquer de 25 mètres. Nos adversaires ont du mal à se remettre dans la partie et Poinçon double le score de la tête sur corner. A 0-2 je fais entrer Jéoboam et Montanier pour laisser souffler Lachuer et Hameau. En fin de rencontre nous encaissons un but qu'avec un peu de sérieux nous aurions pu éviter.

Notre retour se fait en fanfare avec les supporteurs, la nuit dans le train couchette sera courte pour tout le monde. J'apprécie la réaction des joueurs qui offrent deux victoires au club et nous permettent de prendre un peu d'avance sur les reléguables.

La venue de Croix de Savoie, qui nous devance au classement d'un petit point, est l'occasion pour nous de prouver que nos deux victoires consécutives ne sont pas un incident de parcours.



Nous inscrivons le seul but du match sur le premier centre de Lachuer que Coplo reprend en force. La suite de la rencontre ne sera qu'une guerre des tranchées où nous attendrons à onze derrière pour prendre les trois points. Cette victoire nous coûte encore chère, Robert doit quitter le terrain sur blessure dans les arrêts de jeu.

Nous creusons encore un peu plus l'écart avec la zone rouge, nous avons maintenant quatre points d'avance que nous devons conserver le plus longtemps possible...

Nous n'avons pas beaucoup de temps avant de rejoindre Niort et son armada offensive menée par Luigi Glombard. Je ne suis pas trop à mon aise pour ce déplacement, je suis invité par une radio locale avant le match a venir donner mon avis sur nos derniers matchs. Les interviews ne font pas partis de mes activités favorites...



déjà passablement stressé par mon passage d'une heure à l'antenne, je rejoins le banc au coup d'envoi sans avoir pu parler aux joueurs. C'est peut-être mieux ainsi, ils n'ont pas ressentis mon inquiétude vis à vis des capacités de Bisson à tenir les buts aujourd'hui. Logiquement mon inquiétude était fondée, Bisson s'incline par six fois...

Ce n'est plus une leçon de football mais une punition que nous venons de subir... Hameau a malgré tout sauvé l'honneur. Nous perdons aussi Cvitkovic pour deux cartons jaunes inutiles... Comme face à Cherbourg les garçons ont baissé les bars sans lutter...





L'ambiance au club en a pris un coup après les paroles que j'ai eu à l'issu de la rencontre face à Niort. Certains joueurs traînent même les pieds pour venir à l'entraînement. Heureusement les anciens comprennent ma position et me soutiennent. Je me rends ainsi compte que d'être trop proche des joueurs n'est pas toujours le mieux. Je vais prendre un peu de recul et plus me comporter comme un entraîneur et moins comme un copain...



Juste avant la rencontre face à Laval, j'annonce la signature d'un nouveau gardien, Florent Chaigneau. Formé à Rennes et passé par Brighton ou Toulon, il est capable de jouer la doublure de Robert et peut-être même de lui chiper la place...



Face à Laval je m'attendais à une nouvelle rencontre difficile et surtout à une pluie de buts... La pluie était bien là mais pas dans le sens que je le pensais, Gomis qui fêtait son retour en compagnie de Robert a sorti le grand jeu en s'offrant un doublé et en mettant ses partenaires en orbite. J'ai pris beaucoup de plaisir durant cette rencontre, du plaisir a voir les garçons se sortir les tripes pour leur couleur...





Nous devrons nous méfier des cannois que nous recevons, le licenciement de Patrice Carteron, leur entraîneur, peut jouer sur leur rendement. De plus je mets les joueurs en garde vis à vis d'un excès de confiance après notre dernier match.



Ca débute pas mal pour nous avec le but de Gomis et l'expulsion de Ravaux dans les mêmes minutes. On tient le match sans forcer, j'indique aux joueurs de ne pas se laisser aller et de continuer à attaquer pour engranger des buts et améliorer notre goal average. En fin de rencontre les cannois qui ont senti qu'il y avait la place d'égaliser, attaquent et nous font reculer en désordre. Sous la pression Cvitkovic trompe Robert et nous fait perdre deux points. Ce n'est pas le meilleur moment pour ce joueur qui accumule les soucis sur le terrain...

Comme c'est souvent le cas nous perdons encore un joueur sur blessure, cette fois c'est Ictoi qui se blesse à la cheville, il sera absent pour plus d'un mois...

Je rentre à l'hôtel vers minuit après avoir longuement discuté avec le président Villette qui souhaitait me faire part de sa satisfaction de notre début de saison. Je suis complètement cuit nerveusement, jamais dans ma vie d'avant je n'aurais cru que le métier d'entraîneur pouvait être aussi usant...





Face aux cristolliens, second du championnat, nous devons faire très attention. Ils sont rapides et possèdent des joueurs très technique aux avant-postes. Il va falloir que nous jouions assez défensif pour éviter de prendre l'eau...



En une demie heure Créteil nous met à genoux... Tout leur réussi et nous tout rate... Il n'y a décidément pas grand chose à dire sur cette rencontre que nous allons essayer d'oublier rapidement pour passer à autre chose. En conférence de presse d'après match je présente mes excuses aux supporteurs qui nous suivent depuis le début...

On poursuit notre saison avec un déplacement à Beauvais qui surnage péniblement dans les bas fonds du championnat. J'ai clairement indiqué aux joueurs que nous devions prendre des points ici...



Cette succession de match assez rapproché use les organismes. Que ce soit nous ou Beauvais, il n'y aura pas de spectacle ce soir, juste un match qui se termine sur un score de parité qui satisfait les deux équipes.

Ce dimanche là, au lieu de rentrer directement à Pacy je rejoins le président à Paris pour assister au tirage du 7ème tour de la Coupe de France. Nous sommes plusieurs centaines de président et d'entraîneur à nous retrouver dans une salle gigantesque pour suivre sur un écran géant le tirage de la Coupe. Je souffle de satisfaction lorsque tout les clubs de National sortent. Au moins nous ne rencontrerons pas un adversaire du même championnat. Au final après deux bonnes heures nous connaissons notre adversaire, l'ES Thaon, club amateur des Vosges. Avant de partir nous croisons le président et l'entraîneur des vosgiens, le rendez-vous est pris chez nous pour le 22 novembre.

Novembre arrive avec le mauvais temps...

Ce matin il fait gris dehors, la pluie n'est pas loin et je dois me presser, j'ai rendez-vous avec le président pour faire le point du mois écoulé. A mon arrivée au club, la pluie se met à tomber, fine et froide. Je traverse en courant les quelques mètres qui me sépare du Siège.

Le président Villette m'attend dans son bureau, le café est servi sur la table basse et répand son odeur dans la pièce. Nous nous installons autour de la table basse dans des fauteuils en cuir d'un autre âge. Sans un mot nous dégustons le café, un colombien de toute première qualité. Lui comme moi nous aimons le café et savons le déguster en silence...

Les tasses sont vides, nous entamons la discussion qui durera deux bonnes heures, tout y passe, les résultats, les joueurs, le staff, les groupes de supporteurs, mes idées et mes doutes...



Nous devons affronter Istres et son armada de joueurs ayant connus la Ligue 1, en face de nous nous aurons des Marlet, des Feindouno, des Chedli et des Pierre-Fanfan... Nous nous attendons tous à un match de guerriers et nous ne sommes pas certain d'avoir le dessus. Si on me promettait un nul je signerais tout de suite.

Le premier quart d'heure de la rencontre est largement en faveur des istréens, ils nous baladent d'un bout à l'autre du terrain. Et je suis assez content d'avoir retrouvé Sylva en milieu défensif et Poinçon en défense centrale. A eux deux ils nous apportent la stabilité et la sécurité qui nous a fait faux bond ces derniers temps. Peu à peu le match s'équilibre, Gomis se retrouvant par deux fois seul face au gardien adverse, mais c'est à côté à chaque fois... Heureusement Lachuer, notre sauveur, marque l'unique but du match sur coup franc juste avant la pause. A notre retour nous bétonnons en défense pour tenir le score. Même si nos supporteurs n'apprécient pas beaucoup ce style, l'important aujourd'hui est que nous prenons les trois points.

Je laisse les joueurs savourer cette victoire qui nous permet de nous rapprocher de la première moitié du championnat et de creuser encore un peu plus l'écart avec la relégation. Je préfère m'isoler un peu et savourer tranquillement ce résultat en compagnie d'une bonne tasse de café...





Nous rejoignons Gueugnon pour une nouvelle rencontre qui s'annonce difficile. Dans mon fors intérieur j'espère que nous serons capable de prendre au moins un point...



Gomis ne me laisse pas le temps de m'installer confortablement, sur une ouverture lumineuse de Lachuer il ouvre la marque dés l'entame de la rencontre. Les forgerons reviendront au score en première période et tenteront de prendre l'avantage sans succès. Je suis satisfait nous rentrons avec un bon point.



Nous terminons les matchs aller par une défaite face à un concurrent direct qui nous ressemble beaucoup sur pas mal de point. Nous sommes deux équipes de laborieux, il n'y a jamais ou presque jamais d'action d'éclat d'un joueur qui enflamme la rencontre. Nous, notre credo c'est travail, travail et encore travail...

Aujourd'hui, Arles a été le plus fort, enfin surtout son avant-centre Benjamin Psaume qui marque dans un angle impossible. D'ailleurs ce joueur m'ayant tapé dans l'œil durant la rencontre je tâte un peu le terrain avec les dirigeants arlésiens pour connaître sa disponibilité, sait-on jamais...



Je profite de cette mi-saison pour faire un point sur l'effectif avec le président Villette qui souhaite connaître les besoins en joueur pour la saison prochaine. Actuellement nous avons quatre joueurs qui ont joués la totalité des 19 rencontres, Rouchon, Bezzou, Poinçon et Lachuer qui est aussi notre meilleur joueur actuel avec quatre buts et quatre passes. Niveau passeur Ictoi s'offre la palme avec cinq passes et Gomis la palme du buteur avec neuf réalisations. En ce qui concerne les besoins en effectif pour la saison prochaine, je n'ai pas encore d'idées bien précises, tout dépendra de notre fin de saison et des départs qui se produiront à ce moment là...





Nous accueillons les amateurs de Thaon avec sympathie et quelques cadeaux. Il n'y a pas vraiment de pression pour cette rencontre, notre adversaire est relativement faible et j'en profite pour faire tourner l'effectif en titularisant Chaigneau, Moustaïd, Mussa et Montanier à la place de Robert, Lachuer, Gomis et Coplo.



Assez logiquement nous nous imposons par quatre buts en ayant dominé de la tête et des épaules nos adversaires. Au tour prochain nous affronterons Toulon le 13 décembre.

Je rentre chez moi assez tard, le froid est tombé et annonce l'approche de l'hiver. La cage d'escalier est silencieuse, je monte tranquillement les deux étages qui me sépare de mon appartement, la lumière s'éteint au moment où je sors mes clés pour ouvrir la porte. C'est toujours comme ça...



Je ferme la porte derrière moi, le verrou claque, son bruit résonne dans le couloir. J'avance vers le séjour, le seul meuble de la pièce est une table de camping surchargée de papiers, carnets et stylos. Je regarde les murs comme si c'était la première fois, tous sont couverts de feuilles punaisées où j'aligne mes différends schémas tactiques. Des cartons de déménagement entrouvert jonche le sol, ne me laissant qu'un petit passage. J'enlève mon manteau cherchant un endroit où le déposer sans succès. En dépit de cause, il se retrouve accrocher à la porte du séjour. La cuisine est dans le même état, voire pire, l'évier déborde littéralement de vaisselles sales, plusieurs cartons ouverts laissent apparaitre des ustensiles de cuisine en attente de rangement. C'est comme si je sortais d'un rêve, je découvre mon appartement et surtout son état... Ma décision est prise, l'objectif des prochains jours est de ranger et surtout de m'installer durablement. En attendant mon lit me tend les bras...



En cette fin de mois de novembre nous entamons les matchs retour en recevant Sète. Je retrouve une équipe traditionnelle avec les titulaires habituels. Gomis démarre la rencontre à cent à l'heure, il est partout, sur toutes les balles et ça paye... Il nous donne la victoire dès la demie heure de match sur une ouverture de Lachuer. Souhaitant sortir, je le remplace par Jéoboam qui sortira sur blessure en fin de rencontre nous laissant à neuf sur le terrain après l'expulsion de Cvitkovic (69') et mon troisième changement effectué. Nous finirons la rencontre le couteau entre les dents en nous battant comme des chiens pour tenir la victoire, à plusieurs reprises j'irais même devant les tribunes pour haranguer les supporteurs. Au coup de sifflet final Remola l'entraîneur adverse vient me féliciter pour le résultat et surtout la manière...

Après avoir longuement hésité, j'opte pour une tactique audacieuse avec deux attaquants de pointe. Pourquoi ? Tout simplement car je souhaitais savoir si deux joueurs comme Gomis et Mussa pouvaient être complémentaire et être dangereux face à des équipes de bonne tenue comme le Paris FC.



Le résultat est assez mitigé je dois l'avouer, Gomis et Mussa ont fait un bon match, notre but ne doit rien à personne mais l'erreur de Vidon nous empêche de revenir plus tôt dans le match. C'est dommage car je crois sincèrement qu'il y a de l'avenir a évolué en 4-4-2 comme aujourd'hui. J'en discute avec les deux attaquants, ils semblent heureux d'évoluer ensemble. Avec du temps de jeu Mussa va être encore plus performant, ses stats parlent pour lui : six matchs dont trois comme titulaire, trois buts, deux passes décisives et deux titres d'homme du match dont celui obtenu face à Paris.

La préparation de la rencontre face à Libourne est dérangée par le compte-rendu de la commission de discipline qui inflige deux matchs supplémentaires de suspension à Cvitkovic pour son expulsion face à Sète. Je n'avais pas besoin de ça en plus pour me mettre la pression...



Sans repasser par Pacy nous rejoignons Libourne pour la 22ème journée de National. Affronter le 5ème du championnat alors que nous n'avons presque pas récupérer de la fatigue de notre match de Paris tombe assez mal, mais les deux équipes seront à égalité au niveau fatigue. Dés le premier quart d'heure l'arbitre nous donne un certain avantage en expulsant Musset (16') pour une faute bénigne. Je suis le premier surpris de cette décision, Ziani lui est fou de rage...
Malgré cet avantage numérique nous mettrons toute la rencontre pour ouvrir le score par Moustaïd qui signe sa rentrée de la plus belle des façons. Le hold up, car c'est bien un hold up, sera complet avec le but de Vidon qui fait admirer aux supporteurs sa frappe de balle. Moi qui espérais un nul je suis satisfait de prendre trois points ici.

Avec neuf points d'avance sur la zone de relégation, l'écart est bien creusé même si nous devons rester attentif à ce qui se passe derrière nous.





Nous enchaînons avec la rencontre de Coupe face à Toulon, notre troisième match consécutif à l'extérieur. Encore une fois c'est les doublures qui joueront, Chaigneau retrouve les buts, Mussa et Jeoboam forme mon attaque, Moustaïd remplace Lachuer. Connaissant la réputation des toulonnais je m'attends à une rencontre ardue et physique.



Toulon débute la rencontre en marquant par deux fois sans que nous réagissions. Il faudra toute la hargne de Mussa pour entraîner ses équipiers dans la bataille que nous propose Toulon. A 2-1, Poinçon montre qu'il a encore des ressources et que le combat ne lui fait pas peur, par deux fois il marque de la tête sur corner, douchant complètement les supporteurs sudistes. L'égalisation des toulonnais nous envoie aux prolongations et c'est encore une fois Poinçon qui marque pour la victoire.
Les quelques supporteurs de chez nous qui ont fait ce long déplacement ne le regrette pas, nous les invitons dans les vestiaires pour fêter la victoire, dix de plus ce n'est pas grand chose...

Je laisse les joueurs et le staff rentrer sur Pacy, je rejoins le président à Paris pour assister au tirage du prochain tour de la Coupe, celui avec l'entrée des clubs de Ligue 1. L'ambiance est différente cette fois, nous avons droit aux petits four et au champagne. Nous quittons Paris satisfait, nous avons le droit d'affronter une Ligue 1 en la personne du Toulouse Football Club. Je sais déjà que cette rencontre sera la dernière de cette compétition pour nous, mais c'est avec joie que j'en parle au président.



Pour la quatrième fois de suite nous évoluons à l'extérieur, les joueurs souhaitent revenir sur nos terres rapidement car nos déplacements se succèdent sans toujours passer par Pacy. Personnellement cela me va bien, mon appartement est actuellement en plein chantier de rénovation...

J'attendais au moins un nul de la part de mes joueurs face au 18ème de National, je suis servi même si ce fut difficile et qu'il nous faudra encore une fois l'aide de Lachuer et Gomis. Ces deux joueurs sont incontournables à Pacy, malheureusement Lachuer qui aura 37 ans en fin de saison ne sait pas trop si l'envie sera là pour poursuivre une saison de plus. J'ai déjà abordé le sujet avec lui, il n'est pas contre un poste de préparateur dans notre staff.





Qu'il est bon de rentrer chez soi...

Pour le dernier match de l'année 2008 nous recevons Louhans, 16ème de National. Je fixe un petit challenge aux joueurs, vaincre Louhans pour offrir une victoire en cadeau de Noël à nos supporteurs. L'idée emballe tout le monde jusqu'au président qui choisit de baisser le prix des places pour remercier notre public. Il ne reste qu'à faire une belle prestation avec une victoire à la clef...



Lachuer en excellent capitaine, indique le chemin à suivre en ouvrant la marque de 25 mètres sur coup franc. Ensuite ça s'enchaîne, les joueurs dominent largement leurs adversaires qui sont assomés par notre début de rencontre. Bezzou puis Guindo y vont de leurs buts. A 3-0 les garçons continuent l'attaque et pousse les joueurs de Louhans à se retrancher devant leur but, Moustaïd qui a remplacé Lachuer à la pause conclut le score.

Les garçons terminent le match par un tour d'honneur sous les applaudissements du public. Une fois le stade vidé, les garçons effectuent leur décrassage, demain ils seront en vacances pour dix jours. La reprise est prévue pour le 3 janvier 2009 avec le match de Coupe face au TFC. En attendant tout le monde pourra souffler et se refaire une santé pour les blessés...

Je récupère tout mon petit monde dés le 31 décembre pour une remise en jambe rapide. C'est aussi le moment des premières discussions en vue du renouvellement de certains contrats. Sofiane Bezzou est le premier à prolonger avec nous, il signe pour deux années supplémentaires avec une légère réévaluation de son salaire. Il est rapidement suivi par Stjepan Cvitkovic et Aboubacar Guindo qui prolongent tout deux de deux années. Sur les conseils de William Loko, qui le suivait depuis plusieurs semaines, j'accepte de faire signer immédiatement Alexis Gharibian, défenseur de 24 ans, international arménien, qui évoluait il y a peu sous les couleurs de Fréjus.



Nous arrivons à Toulouse avec beaucoup de respect et la certitude de jouer notre dernier match de Coupe de France pour cette saison. En salle de presse certains journalistes ne comprennent pas que je puisse dire ça tout haut, c'est pourtant simple, face à un buteur comme Gignac nous aurons du mal à tenir 90 minutes.

Contre toutes attentes nous faisons jeu égal avec les toulousains en première période, allant même jusqu'à mené au score. Logiquement dés la reprise Gignac emmène ses coéquipiers vers l'attaque, nous reculons sans pouvoir faire autre chose que défendre comme des damnés. Au final, ils remportent une large victoire qui reflète bien l'écart de divisions entre les deux clubs. A l'issue du match j'ai l'occasion de discuter quelques instants avec Alain casanova qui me donne quelques tuyaux pour la fin de saison...

De retour chez nous, nous pouvons désormais nous concentrer sur une seule chose, le championnat de National. Nous avons à nouveau une mini trêve qui nous permet de reprendre l'entraînement tranquillement avent d'affronter Sannois.







Il y a de quoi enragé après cette rencontre... Nous avons dominé tout le match et nous perdons sur penalty alors qu'il n'y avait aucune faute de Rouchon. L'arbitrage n'a pas été bon ce soir, nous aurions du repartir avec un point...



Nous recevons Cherbourg dans la foulée, ils sont 5ème et nous 12ème. Je repasse aux joueurs la vidéo du match aller où Junior Miranda nous avait fait énormément de mal. Aujourd'hui la donne a changé et les garçons savent que ce joueur ne doit pas avoir la balle dans nos dix huit mètres, quelle que soit la manière qui sera utilisée...

Les cherbourgeois ouvrent la marque dans les vingt premières minutes de la rencontre. Ils sont solides en défense et mon duo d'attaque Gomis - Jeoboam manque de puissance de percussion, surtout chez notre jeune buteur qui est souvent perdant dans les duels épaule contre épaule. Gomis profite malgré tout d'une demie ouverture pour égaliser et nous permettre de prendre un nouveau petit point qui porte notre total à 34 points et de creuser l'écart avec la zone rouge de 12 points désormais...



Pour notre déplacement à Calais, les dirigeants nordistes avaient choisi cette rencontre comme celle de leurs supporteurs. Je m'attendais donc à devoir affronter une équipe survoltée cherchant à prendre des points pour sortie du marécage de la zone rouge...



Evidement la rencontre ne s'est pas déroulé comme je l'espérais, bien au contraire. Calais a tout de suite pris l'ascendant sur mes joueurs, nous bousculant dés que nous étions en possession de la balle. Au final c'est une triste défaite qui nous met un coup au moral...

Nous entrons dans la dernière ligne droite du championnat, onze rencontres nous attendent avec peut-être le maintien au bout du chemin. Pour le moment nous sommes en bonne position pour réussir le pari fou du président Villette, mais qu'en sera t-il dans trois mois ?



Il faut attendre plus de vingt minutes avant de voir le premier tir de Gomis, alors que nos adversaires nous arrosent copieusement. Je ne sens pas les joueurs bien concernés par la rencontre, ce sentiment je l'ai déjà perçu durant les entraînements. Je dois avouer qu'ils n'ont pas chômés jusqu'à présent en livrant des rencontres difficiles loin du niveau de celles de la CFA où le club évoluait l'an dernier. Même Lachuer lache prise au bout d'une heure, il faut que je songe à le sortir à la mi-temps si je veux qu'il nous apporte encore beaucoup. La recontre se termine sur un nul qui satisfait les deux équipes, nous restons à la 13ème place et Cassis à la 17ème.

La fin de saison approchant ça commence à s'agiter sur le marché des transferts. Plusieurs de mes garçons sont approchés par des clubs de National ou de divisions inférieures. Pour le moment je mets mon veto à tout les départs, je souhaite attendre le mois de mai pour envisager des départs qui me semblent peut-être difficilement contournables.



Le niveau de fatigue des joueurs est de plus en plus visible, je dois ralentir les entraînements afin d'éviter les blessures qui pourraient nous handicaper pour la fin de saison. J'en discute souvent avec le staff, pour le moment nous n'avons pas vraiment de solution miracle...



Il n'y a pas grand chose à dire ce soir, nous avons été mauvais... J'ai eu beau encourager les joueurs de la voix et du geste, ça n'a pas eu l'effet escompté. Je ne compte même plus le nombre de fois où j'ai vu Lachuer secouer la tête de dépis, les bras ballants. Sans lui nous n'avons pas d'âme et Gomis se retrouve seul en pointe sans ballon a exploiter...

En plus de cette fatigue passagère je dois gérer avec le président une masse salariale qui explose avec le renouvellement des contrats. Il faut vraiment que le club fasse un geste de ce côté là...




L'ambiance est morose cette semaine au club, les joueurs traînent un peu leur misère... Se rajoute à ça quelques tiraillements entre les titulaires et les autres, ceux qui ne supportent plus d'être sur le banc. J'essaye de gérer au mieux les conflits mais je dois avouer ne pas être très à l'aise...



La venue de Niort actuel second du championnat n'est pas la meilleure chose qui puisse nous arriver aujourd'hui... Le sort s'acharne sur nous on dirait, Gomis doit sortir à la demie heure de jeu sur blessure. L'équipe a du mal à se mobiliser malgré l'envie que montre les anciens comme Lachuer et Poinçon. On encaisse un second coup sur la tête avec le but de Jacuzzi à la limite du temps réglementaire. Cette période de l'année n'est vraiment pas pour nous...

Certains journaux régionaux parlent déjà de crise alors que le club conserve 8 points d'avance sur le premier reléguable. L'apprentissage est difficile... Il faut aussi que je sois attentif aux nombreux entraîneurs qui assistent à nos rencontres, le dernier en date, Eric Gracin du FC Rouen était au stade pour superviser Vidon. Il n'est pas question pour l'instant de se faire souffler des joueurs, je rappelle à tous que les départs seront étudiés en mai et pas avant.




Notre semaine avait mal débuté par mon altercation avec Mussa qui s'était plaint de son temps de jeu dans la presse. Ma réaction a été épidermique, les mots entraînant les mots, nous en sommes arrivés à ne plus pouvoir travailler ensemble. Avec l'accord du président, Mussa se retrouve disponible pour un départ...



Saleté de calendrier... En plus d'avoir des soucis avec certains joueurs nous devons affronter le leader juste après avoir perdu face au second. La rencontre s'annonce assez mal engagée... Même si Ictoi et Robert ont tenté de ralentir l'évidence, il faut bien se résigner à perdre face à plus fort que nous.

En cette fin du mois de février, je rentre souvent chez moi assez dépité par la tournure que prennent les événements. Pourtant l'équipe tournait bien en fin d'année dernière, l'ambiance était bonne et les résultats suivaient malgré quelques échecs. C'est à ne plus rien y comprendre...